Les tarsonèmes

Acariens invisibles

Les tarsonèmes sont de petits acariens invisibles à l’œil nu. Ils provoquent de forts dommages aux cultures légumières, ornementales et fruitières. Dans les Alpes-Maritimes, on les rencontre fréquemment sur culture de fraise, gerbéra, cyclamen et solanacées (tomate, poivron, aubergine), surtout depuis l’interdiction en 2007 des spécialités phytosanitaires à base d’Endosulfan. Dans ce contexte, où la protection conventionnelle est peu efficace, et en attente de l’usage d’autres acaricides, avec une optimisation de la qualité de l’application, il est indispensable de mettre en place une stratégie de prophylaxie : surveillance des plants dés la plantation, éradication des plants contaminés (et des plants voisins) et désinfection du matériel et des abris avec un vide sanitaire entre les cultures. Enfin, l’axe du traitement des plants par des méthodes physiques, offrirait l’avantage d’assainir les plants vis à vis des tarsonèmes voire d’autres ravageurs et maladies.

Les tarsonèmes sont des acariens appartenant à la famille des Tarsonemidae. Les espèces rencontrées sur le terrain sont Phytonemus pallidus et Polyphagotarsonemus latus.

Phytonemus pallidus, appelé communément tarsonème du fraisier, tarsonème du cyclamen, est un petit acarien de couleur blanche ou jaune clair, mesurant 0,25mm. Il est pratiquement invisible à l’œil nu et même difficile à observer à la loupe. L’œuf est minuscule, blanc translucide et de forme ovale. La larve est aussi minuscule, blanche translucide puis jaune clair et de forme ovale. Le cycle complet du tarsonème est assez rapide, de 10 à 15 jours, il peut y avoir 5 à 10 générations par an. La femelle peut produire des œufs en l’absence de mâle. La femelle adulte hiverne dans la couronne des plants. Elle reprend ses activités au mois d’avril. Évitant la lumière, elle pond jusqu’à 40 œufs dans les folioles encore fermées et dans le cœur des plants. Cet acarien est très actif lorsque les températures atteignent 15 à 25 ° C avec un taux d’humidité de 80 à 90 %.

Polyphagotarsonemus latus, appelé tarsonème des serres ou acariose déformante, ce tarsonème est proche de part sa morphologie du tarsonème du fraisier, très sensible au froid, ils n’entrent pas en diapause et restent actifs jusqu’à la fin de la culture; le tarsonème des serres aime les atmosphères très humides. Évitant, lui aussi la lumière, il se cache dans les boutons floraux, sous le calice ou les bractées des fruits et dans le cœur des plants.

Les tarsonèmes se déplacent sur de courtes distances, ils sont disséminés dans les cultures par le vent, les animaux et insectes (en particulier les aleurodes), mais aussi par les ouvriers et leurs outils au cours des opérations culturales.Les attaques de tarsonèmes entrainent une déformation des pédoncules foliaires et des feuilles, le feuillage prend alors une teinte vert sombre, légèrement gaufré. Ces symptômes peuvent être confondues avec des symptômes de virus. Sur fleurs, on observe des déformations des pédoncules floraux, sur gerbéra par exemple les fleurs sont malformées et peuvent subir des décolorations. Sur fraisiers, les dégâts peuvent être observés sur feuilles et sur fruits, ces derniers restent petits et rabougris; sur tomates lorsque l’attaque est sévère les symptômes sur feuilles rappellent ceux provoqués par les herbicides de types hormone alors que sur fruits, ils sont proches des symptômes occasionnés par l’acariose bronzée (fruit superficiellement liégeux).

A noter que certains auxiliaires (Amblyseius swirskii et Amblyseius californicus) limitent la progression des tarsonèmes.

Marcel CAPORALINO

SAS Terres d’Azur