Méthodes agroécologiques pour gérer les problèmes de nématodes à galles en maraîchage

Les nématodes du sol ne sont pas visibles à l’œil nu (0.015 à 3 mm), mais leur présence est dense ( 1 à 10 million au m²). Il existe une grande diversité de nématodes, certains sont même utiles comme les Steinernema dans la lutte contre les tipules, noctuelles, doryphores, charançons rouges… La majorité attaque les racines, tubercules et rhizomes. On constate les dégâts souvent tardivement, suite au dépérissement de la plante. Il est alors trop tard pour agir. Néanmoins, parmi les nématodes nuisibles en maraîchage sous abri, nous parlerons des nématodes à galles, espèces du genre Meloidogyne. Ils s’attaquent à de nombreuses cultures et peuvent rester plusieurs années dans le sol. L’arrachage de la plante et l’observation des racines permet de détecter la présence de galles plus ou moins nombreuses et grosses sur le système racinaire.

Meloidogyne javanica est une autre espèce répandue dans les régions tropicales, en Afrique du Sud et en Espagne.

Meloidogyne hapla est rare en France, plutôt présent au Nord de la France sur pomme de terre, betteraves, carottes mais également constaté sur fraises. Meloidogyne chitwoodi a été observé en Grande Bretagne sur pomme de terre et est un organisme de quarantaine obligeant une lutte obligatoire.

Meloidogyne incognita et Meloidogyne arenaria sont les plus répandus dans le sud de la France, très souvent en mélange et sur toutes les cultures.

Cycle de vie du nématode à galle

Les larves pénètrent dans les racines et vont se fixer au niveau du cylindre central où est véhiculée la sève. En injectant de la salive dans les cellules, elles vont se fabriquer un site nourricier qui va engendrer une formation d’une galle ou bout d’une dizaine de jours. Après trois semaines à trois mois selon les températures, les femelles pondent à l’extérieur des racines 300 à 1000 œufs par ponte. Les œufs contenant les larves répètent le cycle. Selon la température, plusieurs générations se multiplient dans la saison.

Les nématodes peuvent se trouver à plus de 30 cm dans le sol et vivre jusqu’à 1 an et plus en absence d’hôte. En revanche les larves ne peuvent survivre si le sol est vraiment trop sec ou complètement inondé pendant plusieurs semaines.

Leur développement est favorisé par:

  • la température: Les températures du sol optimales pour leur développement sont comprises entre 20-25°C. Le développement n’est pas possible en dessous de 10°C, elles sont en dormance.
  • l’humidité du sol,
  • les sols sableux, pauvres en matière organique,
  • le manque de rotation de cultures
  • la succession de plantes sensibles ou le maintien de « mauvaises-herbes » comme l’amaranthe, les morelles, des chénopodes, le rumex,
  • l’homme et ses outils qui les déplacent,
  • l’eau qui permet leur dispersion vers d’autres plantes.

Les mesures de prévention

  • Eviter de contaminer les sols par les outils, les chaussures, l’irrigation à la raie, les plants et semences contaminés, le travail du sol de zones infestées vers les zones saines;
  • Solarisation: eau/soleil pour détruire œufs et larves en été
  • Apport de matière organique bien élaborée
  • Plantation de légumes non hôtes ou mauvais hôte pour casser le cycle des nématodes:
    • les alliacées: oignon, ciboulette, ail, poireaux, asperges
    • brassicacées: choux, navets, roquette, radis
    • fenouils
    • mâche
    • fraise: un culture longue de fraise si on est sûr de ne pas avoir Meloidogyne hapla sur sa parcelle est une excellente méthode pour assainir le sol en Meloidogyne arenaria et Meloidogyne incognita.
  • Biofumigation l’été à début automne avec une plante piège mauvais hôte: semis de sorgho PIPER 40 kg/ha, fauchage, broyage et enfouissement pour décomposition dans le sol au bout de 3/4 semaines maximum (stade 4 feuilles), pour piéger les nématodes dans les racines et en détruisant la plante avant la production de pontes. Le cyanure d’hydrogène libéré lors de la décomposition de la plante dans le sol a un effet nématicide. Bâcher le sol pour améliorer l’efficacité.
  • Choix des variétés et porte greffe résistants

Autres pistes :

  • Produits de biocontrôles comme le RACINET ou BIOACT.
  • Semis d’engrais vert assainissant à la fin de l’été, automne:
    • riches en glucosinolates, la famille des brassicaceae avec les moutardes brunes et blanches pourraient avoir un effet. Néanmoins, elles peuvent aussi favoriser les problèmes de champignon comme le sclerotinia sur les cultures suivantes.
    • La phacélie est non-hôte de M. arenaria (ne permettant pas sa reproduction). Aucune galle n’est observée sur les racines de ces plantes après inoculation avec cette espèce de nématode. Elle permet cependant à quelques larves de M. incognita de s’installer mais pas à se reproduire (plante-piège de coupure). 
  • Plantes nématicides: rose d’inde (Tagetes erecta), crotalaires, sésame, Tagetes minuta peuvent être cultivées et enfouies sur le rang avant la plantation de légumes. Elles peuvent aussi être cultivées en association de la culture, en rangs intercalaires au pied de la culture.

Un hors série « Infos CTIFL » sur les nématodes à galles avec les méthodes de lutte est disponible sur le site du picleg.

Le rapport du projet PEI « GONEM: groupe opérationnel sur la gestion des nématodes à galles en maraîchage en PACA » sera également disponible en fin d’année sur ce même site du GIS-Picleg.

Des fiches élaborées avec les producteurs pour la gestion des nématodes sont déjà en ligne sur le site du GRAB.